"My Favouriet Cake" met en scène une femme de 70 ans qui vit seule et décide rompre avec la routine... En avant-première lors de la soirée de clôture du festival, dimanche 5 mai à 19h à L'Atalante © Maryam Moghadan / Bentash Sanaeeha 

Cinéma

Rencontres sur les Docks : une édition consacrée au cinéma iranien

Sans lien avec l'actualité récente, le choix de consacrer la vingtième édition des Rencontres sur les Docks au cinéma iranien cherche à valoriser une filmographie créative et dynamique. Elle se déroulera du 2 au 5 mai et aura pour fil conducteur les femmes et leur combat pour la liberté. Deux dynamiques qui correspondent à la fibre de L'Atalante.

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Préparée par Asal Bagheri, enseignante chercheuse, spécialiste du cinéma iranien, et Sylvie Larroque, directrice artistique du festival, la programmation se situe dans le sillage du slogan "Femme, vie, liberté", repris en Iran lors des manifestations de 2022, qui ont suivi la mort de Jina Mahsa Amini, tombée sous les coups de la police des mœurs parce qu'elle ne portait pas correctement le voile. Il y a dans cette recherche d'émancipation, antérieure au mouvement de 2022, plusieurs formes de créations, plusieurs démarches aussi.

Rakhshan Banietemad sera l'invitée d'honneur du festival. Grande figure du cinéma iranien depuis les années 90, elle est populaire dans son pays, tout comme à l'international,  récompensée par de nombreux festivals. "Nargues", réalisé en 1992, prix de la meilleure réalisation au festival de Fajr, ainsi que "Le Foulard bleu", Léopard de bronze du festival de Locarno, seront projetés en présence de la réalisatrice. Elle y parle d'amours interdits par les conventions sociales, et vit pourtant à Téhéran, où son aura la protège...

Exilé ou assignés à résidence

D'autres cinéastes ont choisi l'exil, comme Mehran Tamadon, dont le credo est celui du dialogue et qui mène diverses expériences visant à l'établir. Dans "Mon pire ennemi" qui sera diffusé en avant-première en présence du réalisateur, il recueille le témoignage de victimes de tortures, et revit lui même des instants d'interrogatoire en ayant demandé à l'actrice Zar Amir-Ebrajimi de devenir sa tortionnaire psychologique. Son objectif étant d'envoyer ensuite le film aux agents de la République islamique.
Second long-métrage du réalisateur Mahmoud Ghaffari inédit en France et interdit en Iran, "Hair" raconte l'histoire vraie de trois jeunes sportives iraniennes muettes sélectionnées au championnat du monde de karaté, qui se déroule en Allemagne. Les autorités iraniennes acceptent leur participation à condition que la tenue réglementaire couvre leurs cheveux et leur cou. Autre long-métrage interdit en Iran et primé au festival de Berlin, "My favourite cake", réalisé par Maryam Moghadam et Bentash Sanaeha, sera présenté en clôture du festival. Un bel hommage à ce couple assigné à résidence depuis la sortie du film.

Focus sur le cinéma basque

"Rencontres sur les Docks" fera en outre et comme chaque année un focus sur le cinéma basque, "selon une vision large et ouverte sur le monde", explique Sylvie Larroque, directrice artistique du festival, en faisant allusion à "Samsara", produit par Garbiñe Ortega. Ce film fait en effet le portrait d'un jeune bouddhiste qui accompagne une femme âgée dans son dernier voyage. Plus en lien avec les thématiques locales, "Artzain Soil" est un documentaire qui dresse le portrait d'une bergère sans terre décidée à en finir avec cette situation et à s'installer. Deux autres longs-métrages seront également présentés, "Negu Hurbilak" mettant en scène une fugitive déterminée à passer la frontière et "Zinzindurrunkarratz", documentaire essai d'Oscar Alegria ou la quête d'une mémoire familiale autour d'un chemin de transhumance.

L'exposition photo "Les Insolents de Téhéran" de Jérémy Suyker révèle des artistes débordant de créativité sous le régime des mollahs, en contrepoint avec les espaces dédiés à la propagande officielle.
En lien avec cette programmation tournée vers le Proche-Orient , vendredi 3 mai, Interzone sera le concert phare du festival, avec Khaled Aljaramani au oud et Serge Teyssot-Gay à la guitare autour de leur dernier album Kan Ya Ma Kan.

Programme complet > atalante-cinema.org